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Lilian Thuram : «Le racisme rend malade»

Information générale

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18/06/2025

L’ancien footballeur Lilian Thuram est intervenu mercredi à l’université de Bordeaux dans le cadre de la Conférence des consciences, un événement organisé par des étudiants de la faculté de STAPS. Interview croisée de la sociologue, également chargée de mission « parité, égalité, diversité » à l’université, et du sportif engagé contre le racisme avec la fondation qu’il a créée en 2008.

                                                                                            


Yamina Meziani, comment est née votre collaboration avec la Fondation Lilian Thuram - Éducation contre le racisme ?

Yamina Meziani : En 2019, j’ai créé un collectif avec une sociologue de l’Université de Reims, Djaouidah Sehili, et deux médecins de l’Université de Saint-Étienne, Rodolphe Charles et Angélique Savall,  pour travailler sur l’impact des discriminations sur la santé. En tant que sociologue du recrutement, j’avais constaté sur le terrain, dans les quartiers dits prioritaires de la politique de la ville, que les jeunes ayant du mal à trouver un emploi souffraient énormément, et qu’ils en venaient à retourner la violence de la société contre eux-mêmes, à se faire du mal. J’ai recruté un doctorant pour travailler sur ces enjeux et, suite à nos premières publications, Lionel Gauthier, le directeur de la Fondation Lilian Thuram - Éducation contre le racisme, a organisé une rencontre l’année dernière pour voir de quelle façon nous pourrions travailler ensemble.


Lilian Thuram, vous êtes intervenu cette semaine à l’université de Bordeaux mais aussi dans des établissements scolaires de Pessac : comment se déroulent ces rencontres ?


Lilian Thuram : Dans les écoles, les enfants travaillent en amont avec leur professeur - lectures, documentaires… - et préparent les questions qui vont lancer la conversation. J’essaie de leur faire comprendre que les problématiques de racisme, du sexisme, de l’homophobie sont liées à une culture et une histoire qui nous ont enfermés dans des catégories, sans même qu’on s’en rende compte. Je m’adapte à l’âge des élèves ou des étudiants pour leur expliquer l’histoire du racisme, qu’il s’agit d’une construction politique, idéologique, liée à des enjeux économiques ; que le concept d’égalité au regard de la couleur de la peau, ou du genre, c’est une nouveauté au niveau historique. Quand je suis né, il y avait encore l’apartheid en Afrique du Sud.

On aborde, par exemple, la façon dont le racisme se maintient dans la société à travers « l’humour » : je demande aux élèves de raconter une « blague » dont on analyse ensuite les ressorts, pour s’apercevoir que certains rôles (le voleur, le terroriste…) sont toujours incarnés par les mêmes personnes. Mon but est de libérer la parole, de leur faire comprendre que le sujet n’est pas si compliqué qu’on le dit, qu’il ne doit surtout pas être tabou, que nous avons tous des préjugés dont nous devons prendre conscience pour les déconstruire. Les enfants sont moins conditionnés que les adultes, je leur apporte ces éléments de réflexion qui vont leur permettre de regarder le monde différemment.


Yamina Meziani, vos étudiants ont eux-mêmes préparé l’intervention de Lilian Thuram à l’université ?


YM : Ce sont des étudiantes et étudiants de la faculté des STAPS, en Master MOS, qui se destinent à devenir managers dans des organisations du secteur sportif marchand. Ils ont une unité d’enseignement qui les prépare à l’organisation de conférences et de séminaires et une autre qui les sensibilise aux questions de discriminations et de violence. C’est dans ce cadre qu’ils ont travaillé sur ce projet depuis septembre dernier, en préparant à la fois des ateliers dans des établissements scolaires de Pessac et la Conférence des consciences - c’est le nom qu’ils ont choisi - à l’université. Il me semble primordial que les étudiants comprennent tous ces enjeux pour être, demain, des managers responsables, qui surmontent leurs préjugés, qui recrutent des gens qui ne leur ressemblent pas forcément, en se basant sur les seules compétences, sans tenir compte de la couleur de la peau, de l’origine, du sexe…



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